Bribes de vie
Balima (ou Anjil), c’est le nom donné à la cité ouvrière des mines d’Ahouli- Mibladen, jadis l’un des plus important gisement de plomb du Maroc, à l’abandon depuis une quarantaine d’année. Le site, accroché sur un plateau aride, à la jonction des chaînes du Moyen Atlas et du Haut Atlas oriental, est situé à 25 kilomètres de Midelt. A presque 400 kilomètres de cette citée oubliée, un autre lieu abandonné, Jerrada, le plus ancien site industriel minier d’Afrique du Nord, situé à une soixantaine de kilomètres au sud de Oujda et déserté, pour sa part, il y a une quinzaine d’année. Ici le plomb, là-bas le charbon, entre les deux, une histoire d’abandon et de résistance, une histoire de précarité et de dignité, mais aussi l’histoire d’une rencontre avec ces ouvriers de l’ombre qui n’ont d’alternative que de continuer à exploiter artisanalement ces mines. « Bribes de vie » c’est la première série photographique personnelle de Mehdy Mariouch, réalisée en dehors de toute commande et contrainte journalistique. Au-delà de leur valeur esthétique et de leur intérêt documentaire, comme témoins d’une situation et d’un vécu, ces «Bribes de vie » sont aussi les fragments d’une proximité perceptible avec les mineurs insoumis, de circonstances de rencontres, qui tiennent plus du partage et de la complicité que d’instantanés volés au passage. Les portraits de ces travailleurs clandestins témoignent de l’effacement et de l’humilité du photographe face à ces hommes, en même temps qu’ils marquent sa présence dans l’authenticité et la justesse de son regard. Ni voyeur, ni spectateur, Mehdy Mariouch propose une vision en immersion dans une existence fragile et abrupte sans jamais sombrer dans le misérabilisme et la mise en scène suggestive. Son regard est frontal, sans compromis, qu’il s’attarde sur un visage noirci ou un bâtiment désolé, mais toujours emprunt de poésie, d’émotion et d’une sorte de douceur… Celle de l’empathie bienveillante, respectueuse et admirative qui l’attache à ces récalcitrants de l’abandon et le pousse à revenir, pour explorer encore. Une exploration humble, patiente et mesurée, qui s’attarde sans intrusion, capte sans figer et partage sans artifice ; une démarche photographique à la lisière entre le sensible et l’objectif, là où se situe la réalité. Texte: Florence Renault-darsi
The coal mine of Hassi B’lal in Jerada, Morocco, was once the largest and best in North Africa, built in the 1927 by the French colonists. For economic reasons the mine of Hassi B’lal was closed in 2001. The company offered severence compensation to 7,000 workers, but is was not enough for them to survive. The workers decided to continue working at their mines illegaly in inhuman living conditions. They decided to stay and risk their lives every day instead of abandoning their homeland. They live with an incredible dignity and pride. The condition of illigal workers is widespread throughout the mines of eastern Morocco. The lead mines of Ahouli, Mibladen, Beni Tejjite have similar colonial histories.